mardi 31 juillet 1984

La maison est noire

pour Chris Marker, In Memoriam




The House is Black (1962), un film de Forough Farrokhzâd


*


Dans une salle de classe, penchés au-dessus d’un grand livre, les élèves louangent la création de Dieu. « ... Je Te loue de m’avoir donné des yeux pour voir toutes les merveilles, des mains pour travailler, des oreilles pour entendre les mélodies, des pieds pour aller où je veux… »

« Qui est celui qui te loue dans l’enfer, Ô Seigneur ? », interroge la voix de la narratrice.

C’est ainsi qu’on entre dans La maison est noire, dans le quotidien d’une résidence pour lépreux, rassemblés à l’écart du monde, qui attendent la mort ou peut-être, par miracle, que les traitements viennent à bout de la maladie. Défilent alors à l’écran les images d’une souffrance innommable, les portraits de la plus triste laideur, celle qui recouvre comme une malédiction un ancien visage impuissant, laideur révoltante, que le film nous montre avec le sentiment obscur, irrésolu, qu’il faut la regarder. Des membres pétrifiés par le durcissement des tendons, des doigts et des jambes coupés, des yeux pourris dans leur orbite…


*


Personnalité hors-norme , Forough Farrokhzad l’était à plus d’un titre . Avant la réalisation de ce court-métrage, elle avait marqué la littérature persane avec plusieurs recueils de poésie d’une beauté renversante.

Boulversés par le film, Chris Marker et Joris Ivens en auront été ses infatigables passeurs lorsque survint le décès précoce de la cinéaste.

I speak from the deep of night.
From the deep of dark
And the deep of night, I speak:

Should you come to my house, friend, bring me a lamp
And a window from which
To gaze at the crowds cavorting down in the glad alley


(sources : a / b)

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