L'Ouvert, où chaque chose a présence et séjour, transit d'avance le domaine de tout secteur. C'est pourquoi l'éveil règne haut de l'Éther jusqu'à l'abîme en bas. Éther est ici le nom du Père de la lumière et de l'air lumineux qui anime tout. Ce qui renferme tout, ce qui est porté par la Terre maternelle, cela s'appelle l'abîme. Éther et abîme nomment ensemble les secteurs extrêmes du réel, mais aussi les divinités suprêmes. Tous deux sont traversés par l'esprit de l'inspiration. Celle-ci ne divague pas, vertige aveugle, dans l'arbitraire. Elle est
Selon un ferme statut, comme jadis, tiré du Chaos sacré
La Nature dispose tout réel dans les traits de son être. Les traits fondamentaux du tout se déploient dans la mesure où l'Esprit apparaît dans le réel et où toutes choses se renvoient leur éclat spirituel. Pour ce, immortels et mortels doivent se rencontrer ; ils doivent chacun à chaque fois maintenir selon leur mode leur relation à ce qui est réel. Tout réel isolé dans toutes ses relations n'est possible que si avant tout la Nature accorde l'Ouvert à l'intérieur duquel immortels, mortels, ainsi que toutes choses, peuvent se rencontrer.
L'Ouvert est médiateur pour tout rapport entre ce qui est réel. Celui-ci ne consiste qu'en telle médiation, et est ainsi médiatisé. L'ainsi médiat n'est qu'en vertu de la médiateté. Celle-ci doit donc être présente en tout. L'Ouvert lui-même pourtant qui donne seulement à tout abord et à toute réciprocité l'espace où s'appartenir, ne provient lui-même d'aucune médiation. L'Ouvert lui-même est immédiat. C'est pourquoi nul médiat, qu'il soit dieu ou homme, ne peut jamais atteindre immédiatement l'immédiat.
Martin Heidegger - Approche de Hölderlin
traduit de l'allemand par Michel Deguy et François Fédier
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire